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mercredi 22 avril 2015

Petite polémique sur les cyprès

Ce blog étant un outil d'échange , il parait important d'y faire figurer aussi les premières difficultés de la mise en œuvre de ce projet qui apparaissent.

Dès la première réunion de présentation de la démarche le 31 janvier , une habitante du quartier nous avait fait part de ses problèmes d'allergies et de sa très grande sensibilité au pollen de cyprès. Nous avons évidemment pris en compte cette remarque,  ce projet collectif de mise en valeur de l'espace public ne doit pas apporter de nuisances à ses riverains.

Pour pallier à ce problème, nous avons pris le temps de rechercher un cultivar de cyprès qui ne produise pas de pollen. Nous avons finalement sélectionné le Cupressus sempervirens 'Totem' qui est un clone stérile du cyprès de Florence. Notre partenaire s'est donner du mal pour les commander en Italie. Les 15 plantes qu'il nous offre devraient enfin arrivé en fin de semaine.




Malheureusement cette même personne nous demande aujourd'hui de façon très insistante (3 mois après la présentation du projet aux riverains) de ne plus planter de cyprès dans sa rue car elle trouve que "ça fait cimetière et que c'est moche"

Cette polémique naissante a été l'occasion d'une concertation par échange de mail entre les jardiniers investis dans ce projet dont voici quelques extraits constructifs.

"Je suis bien désolée que cette dame le prenne comme cela. Personnellement je pense qu'on devrait  lui proposer de se rencontrer en étant plusieurs, nous arriverions peut-être mieux à discuter . Je pense que nous devons insister sur le fait que les cyprès qui nous ont été donnés (bien lui rappeler que c'est un cadeau) ne portent pas de pollen."

"Je suis également très désolée de cette situation, et pour la petite histoire, je n'aime pas non plus les cyprès, je trouve ça moche et ça fait cimetière, mais bon, ils étaient prévus dans le projet pour lequel ils sont peut-être les mieux adaptés et puis, les goûts et les couleurs ...
Il est évident qu'il est à présent trop tard pour dire non et nous pouvons peut-être lui expliquer cela. Elle vous avait notifié sa grande sensibilité aux cyprès et pas son horreur !le boulevard de Bésignoles n'est pas "sa" rue mais la rue de nombreux riverains et lorsque vous nous avez informé de ce projet en distribuant dans chaque boîte aux lettres, début janvier ,un flyer (où il était clairement visible qu'il y aurait des cyprès),A part cette dame, personne d'autre n'a signifié son désaccord (et pour cette dame, ce n'était pas un désaccord mais une information relative à sa sensibilité qui est résolue de par ces cyprès sans pollen).
Puisque c'est un projet qui est sensé véhiculer un esprit citoyen, faisons-lui comprendre qu'une seule personne ne fait pas l'unanimité et que notre partenaire a bien voulu commander ces cyprès, avec notre exigence (pas de pollen) exprès pour elle, et qu'il est trop tard pour faire autrement."

"J'ai pris connaissance du message et je suis bien attristée de ces problèmes qui surgissent. Il faut apprendre à se connaître avec nos défauts et qualités !  Bon, il faut qu'on soit diplomate car on va éviter les tensions entre voisins. Ce n'est pas le but recherché et tu te démènes assez pour embellir pour ne pas avoir ce genre de désagrément !
Effectivement, ce serait mal venu de dire à notre partenaire qu'on abandonne !
Surtout restons soudés ! nous allons être un quartier super sympa et cela fera des souvenirs à raconter : l'épisode cyprès ! "


Voici l'occasion aussi de re-justifier le choix des cyprès.

L'objectif était de modifier l'image du boulevard de Bésignoles, de passer de celle d'une route à une rue jardin

Pour cela il était nécessaire de recadrer la vue avec des repères verticaux.  On aurait pu choisir d'autres arbres mais ils auraient alors masqués les vues sur le paysage dont bénéficient les immeubles du haut de la rue, et fait une ombre importante sur les jardins et terrasses des riverains. 

Le cyprès est alors apparu comme un candidat idéal avec.
- sa connotation forte de jardin méditéranéen.
- sa forme colonnaire très étroite  ( ne cachant pas les vues et faisant très peu d'ombre)
- sa très faible emprise au sol environ 50cm (ne réduit pas la largeur de la rue)
- sa très bonne adaptabilité aux sol pauvres et sec ( une fois installés, ils n'auront plus besoin d'arrosage)
- se prête très bien à la taille (si on souhaite les contenir en hauteur)



D'autre part comme l'on rappelé certains "riverains-jardiniers" impliqués dans le projet ce sont ces images qui ont séduit et convaincu tous ceux qui se sont investis dans ce projet: la mairie de Privas, les habitants devenus jardiniers, et tous les partenaires que nous avons réussi à rassembler pour nous fournir l'ensemble des végétaux déjà plantés. Il ne serait pas correct envers tous ceux qui se sont lancé dans cette aventure de tout abandonner.

Enfin pour revenir aux argument de cette riveraine hostile aux cyprès.
On dit toujours que les goûts et couleurs ne se discute pas, cependant les échanges de points de vue sont toujours enrichissants. Il lui sera ainsi proposé une rencontre avec les jardiniers du boulevard de Bésignoles pour échanger sur cette problématique

Voici quelques élément intéressants sur la symbolique des cyprès:

Il est vrai que depuis l’Antiquité, il a une très forte symbolique : il est associé à la vie éternelle. Comme à peu près tous les arbres à feuillage persistant, la notion d’immortalité est renforcée chez le cyprès par le parfum de sa résine et son bois quasi imputrescible. Est-ce à cause de sa longévité et de son vert persistant, symboles d'immortalité et de résurrection? à cause de sa verticalité, propice à un sentiment religieux d'élévation, ou de son bois imputrescible qui servait à faire des cercueils? ou du pouvoir désinfectant de son essence, qui a  servi à l'embaumement des momies égyptiennes, et qui était encore utilisée comme désinfectant en Provence dans les chambres des malades ?  Toujours est-il que le cyprès en Provence accompagne traditionnellement les cimetières et nombre de chapelles et d'oratoires, et donne parfois aux cimetières de village une esthétique de jardins à l'italienne.

Mais le cyprès est aussi un arbre dédié aux Grâces dès l'Antiquité. La pureté de sa forme régulière et élancée en a fait un élément décoratif majeur des jardins persans, romains et égyptiens. Souvent planté en allées, ils magnifie les jardins florentins de la Renaissance, et il a inspiré de nombreux peintres et artistes, comme Van Gogh.

"Route avec cyprès et ciel étoile ", peinte en 1890 Vincent Van Gogh

Symbole des paysage italiens , il est devenu l’emblème  de toute une région, la Toscane où il a magnifié ses paysages vallonnés.
Paysage caractéristique de Toscane avec ses routes ponctuées de cyprès

Son port si caractéristique en a fait, toujours en Provence, le gardien vigilant des maisons de vignes et des abris de bergers, le cadre des stèles et des monuments aux croisements des chemins, la sentinelle des portails et la borne des propriétés. En regardant le paysage privadois on constate également qu'il est très présent et que sa silhouette caractéristique orne de nombreux jardins. Effectivement même dans notre région, on le plantait traditionnellement  près des maisons au moment de leur construction pour apporter à leurs occupants des vies longues et une bonne santé. Cet extrait de   "Solitude de la pitié" de Jean Giono en1932 en témoigne .

un berger raconte pourquoi on plantes des cyprès en Provence....
"...... Parce que c'est un arbre qui est beau chanteur. C'est un peu comme une fontaine, ça coule, ça fait son bruit, ça fait son chemin,.....l'eau ici était mesurée à la burette. Donc pour nous, remplacer la fontaine, on plantait un cyprès au bord de la ferme, et comme ça à la place de la fontaine de l'eau on avait la fontaine de l'air avec autant de compagnie, autant de plaisir.
Le cyprès s'était comme cette cannette qu'on enfonce dans le talus humide pour avoir un fil d'eau. On enfonçait le cyprès dans l'air et on avait un fil d'air. On venait s'asseoir là dessous, fumer, écouter.Ce bruit sur les soucis dans la tête, ah! que c'est bon."

Il est toujours utilisé près des maisons contemporaines en région méditerranéenne, et qui voient en lui la marque emblématique de ces paysages . On place d'ailleurs souvent 3 cyprès près des maisons car c'est signe de bon accueil . Enfin son adaptation est remarquable : il pousse sur presque tous les sols et résiste aussi bien aux longues périodes sèches qu'aux froids extrêmes. 

La symbolique du cyprès est donc, depuis longtemps, celle de la vie éternelle,.
Alors, pourquoi refuser une vie éternelle à ce projet collectif qu'est la transformation du boulevard de Bésignoles en boulevard jardin?

Positionnement possible des 15 cyprès (leur emplacement est déjà repéré par des branches de saule jaune en haut de la rue)

Petite mise à jour du 24 avril 2015 à 21h00


Ce vendredi 24 avril 7 riverains impliqués dans le projet se sont concerté ensemble de la situation précédemment évoqué.

La personne hostile au cyprès a catégoriquement refusé de rencontrer le collectif de "riverains-jardiniers" pour que nous puissions prendre en compte ses remarques et éventuellement modifier l'implantation des cyprès au droit de son appartement.

Ce soir,chacun a pu exprimer son avis,  ceux des absents a été également rapportés.

Il a été convenu ensemble de conserver l'esprit du projet initial.
Cependant afin d'apaiser la situation et de prendre en compte les inquiétudes de cette riveraine, il a été décidé de supprimer 1 cyprès,  tels qu'ils avaient été implanté le 28 février dernier (branches de saule jaune), afin qu'il n'y en ai plus directement sous son balcon.









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